Hommage au roi des instruments
poème écrit à la manière de Supervielle par Lucie Lemaire.
C’est beau d’avoir appris
Durant ces sept années
À poser doucement
Sur ces touches mes mains,
Et d’avoir entendu
Ces notes douces et belles
Emporter tout le monde
Dans une grande joie,
D’avoir pleuré des larmes
Sur le monde sans fin
Après cet instrument
Qui désormais m’ignore,
Et d’avoir persisté
Interminablement
Et enfin éprouvé
De la satisfaction,
D’avoir imaginé
Des rêves à tout jamais
Envolés, disparus
Sans avoir existé,
Et d’avoir parcouru
De mes yeux des dizaines
De croches, noires ou blanches,
Sans discrimination,
C’est beau d’avoir plané
Au-dessus des défauts
Et d’avoir fait courir
Mes doigts plus vite que
Des chevaux au galop
Sur l’immense étendue
De notes graves, aigues,
Sur les dièses et bémols,
Et d’avoir fait trembler
Plaines, monts et vallées
Pour toute l’émotion
Qui devait s’exprimer,
D’avoir eu la musique
Juste à moi, rien qu’à moi
De l’avoir partagée
Et de continuer...