JB Vatelot

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6 juin 1944 - 6 juin 2004

Our dream was liberty

Première partie :"En avant !" par JULIEN SANCHEZ

jeudi 3 juin 2004

Parce que la Liberté a un prix, souvenons-nous du lourd tribut payé par les Alliés il y a soixante ans. Un récit à la première personne, comme si vous étiez... Go !

En avant !

Je m’étais noirci le visage au charbon de bois, je regardais certains soldats se couper les cheveux à la façon des guerriers Hurons, sans toutefois avoir envie de faire comme eux. Nous avions passé la journée à plier et déplier sans fin nos parachutes, à démonter et vérifier nos armes, à aiguiser nos couteaux, en fumant cigarette sur cigarette. Nous avions reçu notre dotation en munitions et des rations militaires (dites "rations K") pour trois jours.

Des préparatifs individuels

Je m’appelle James Mellet. Je suis originaire de Springfield dans l’Illinois. Je m’étais engagé dans les troupes de parachutistes en 1942 où j’avais un grade de sous-officier, caporal-chef plus précisément. Nous avions subi l’entraînement le plus dur et le plus rigoureux de l’armée, mais je voulais m’engager dans une troupe d’élite, sinon ce n’était pas la peine de s’engager. Je fais partie de la compagnie E du 501ème PIR (Parachute Infantry Regiment) de la 101ème division aéroportée (Airborne). C’était mon premier saut derrière les lignes ennemies et c’était aussi mon baptême du feu. Je sentais déjà l’adrénaline monter en moi. Notre mission était de faciliter le passage de l’infanterie et nous serions parachutés quatre heures avant qu’elle ne débarque. Mission plus que nécessaire, s’il en est...

Dernières vérifications

Je me suis ensuite dirigé vers la piste d’aviation avec tout mon équipement. J’ai accroché l’un après l’autre mon Colt 45 (pistolet de l’armée américaine) à ma ceinture avec ses munitions ainsi que les munitions de ma mitrailleuse, mon bidon, ma mitrailleuse Thompson dans son étui et ma baïonnette à la jambe droite et mon leg bag (un sac inventé par les britanniques, pouvant contenir un supplément de munitions, des explosifs...) à ma jambe gauche. Puis je mis, avec l’aide d’un aviateur, mon parachute ventral et dorsal. Avec tous mes équipements, je devais peser une quarantaine de kilos de plus qu’à la normale ! Ainsi équipés pour le combat, nous nous sommes assis sous l’aile de l’avion (un Douglas C-47 Dakota), on nous distribua des pilules pour le mal de l’air et notre largueur, le lieutenant Dale, nous souhaita bonne chance et bonne chasse. L’embarquement commença à vingt-deux heures. L’un après l’autre, il nous aida à nous relever et on monta dans l’avion. Personne ne parlait. Je priais, priais pour survivre à tout cela et me montrer à la hauteur des évènements. C’est alors qu’un parachutiste se tourna vers l’Est et résuma en une phrase ce que nous pensions tous :"Hitler prend garde, on arrive !"

Embarquement immédiat

Prêt pour le grand saut ?

Les avions allumèrent leurs moteurs successivement et attendirent quelques secondes avant de décoller. Ils adoptèrent aussitôt une formation en V dont notre était le leader du groupe. A ce moment précis, nous savions qu’il ne nous était plus possible de reculer. Durant tout le voyage, j’ai prié Dieu de m’aider pendant la longue et dure journée qui s’annonçait. Ma montre afficha minuit, nous étions donc le mardi 6 juin. Ayant choisi d’ouvrir la porte, j’ai pu pendant tout le trajet observer avec stupeur l’armada de plus de quatre mille navires en dessous de nous. Une vue à couper le souffle ! Je m’accroupis pour mieux voir et le soldat Robbins en fit autant. Le soldat Howell entonna une chanson, mais sa voix fut couverte par le vrombissement des moteurs. Une fois passée les îles anglo-normandes de Jersey et de Guernesey, les C-47 entrèrent alors dans une épaisse couche nuageuse qui les força à se disperser pour éviter toute collision en vol. Personne, à commencer par les pilotes ne savait où nous étions. C’est alors le voyant rouge s’alluma. "Debout ! Accrochez !" cria le largueur. La flak (DCA allemande) entra en action. Nous entendions les projectiles frapper l’avion, produisant le même bruit que des cailloux ricochant sur de la tôle. Le C-47 virevolta à maintes reprises et les pilotes effrayés, apeurés et déconcertés, alors qu’ils étaient censés ralentir, accélérèrent. Ils se sont trouvés pris dans l’engrenage de la guerre alors qu’ils n’avaient aucune expérience du combat. Je regardais à travers le hublot. Des rafales bleues, vertes, jaunes montaient vers le ciel. Des C-47 prenaient feu, se crashaient ou la plupart du temps explosaient en vol. "Si on continue à descendre, on aura plus besoin de parachutes !" hurla le sergent Reed derrière moi. Par malchance, un éclat d’obus traversa le fuselage de l’avion et il fut touché. Le sang coulait dans l’avion et donna à la carlingue une couleur rougeâtre, alors on le décrocha. Il finit par mourir au bout de quelques minutes. Soudain, l’avion fit une embardée et je me suis retrouvé sur le plancher. Le voyant vert s’alluma. Je me relevai du plus vite que je pus et je sautai dans le vide. "En avant ! En avant !" criait le lieutenant. Il sauta juste derrière moi mais il prit une rafale de mitrailleuse en plein torse. Le ciel était plein de parachutistes, des silhouettes indistinctes se balançant dans les airs comme des pantins. Les C-47 volant trop bas et trop vite, la secousse provoquée par l’ouverture de mon parachute fut plus rude que tout ce que j’avais connu jusque là. Sous le choc, ma gaine à armement contenant ma Thompson et mon leg bag se décrochèrent de ma jambe et je les perdis. Ma descente était trop rapide et je n’ai pas pu voir où je me trouvais. J’atterris enfin, mais j’avais perdu la presque totalité de mon équipement. Mais bon, j’étais hors de portée de cette foutue DCA.

A SUIVRE...

Julien Sanchez 3°A