JB Vatelot

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Carnet de tournage

Intérieur-jour : séquence 1

Première partie

lundi 9 février 2004, par David Ridel

Un tournage de film est une phase de réalisation importante dans la création cinématographique. Pas la plus importante, certes, mais la plus intense. Récit d’un Itinéraire de Découvertes, niveau cinquième, qui fait son cinéma...

Savon et confusion

Agitation frénétique et curiosité débordante. Des élèves tendent le cou pour comprendre la raison du remue-ménage en salle 12. Depuis la cour, on guette les apparitions des machinistes affairés à recouvrir les fenêtres d’un tissu opaque. Tombera, tombera pas ?
La surprise est de taille pour les observateurs patients puisque des élèves passent dans le couloir, d’une salle à l’autre, grimés à la manière d’un autre siècle. Vestes et pantalons volent à travers l’infirmerie, transformée à l’occasion en vestiaires et loges de fortune pour les apprentis-acteurs du jour.

Jour de tournage

Secret du tournage, du synopsis surtout, qui se trouve vite éventé, étant donné le raffut et le joyeux chahut provoqué par cette animation. Ah ! la belle notion d’« Itinéraires de découvertes » qui prennent tout leur sens lorsque le chemin biscornu (de préférence) mène à un travail d’équipe et de création reposant sur des compétences naturelles ou développées au préalable en classe... Fier du chemin parcouru, certes oui ! Mais le plus dur reste à faire.

Retour en arrière

Flasback nécessaire. Qu’est-ce qui a bien pu pousser les élèves de Cinquième A, B et C de L’IDD « Cinéma Primitif » à envahir la salle ce vendredi 22 janvier 2004 avec une telle frénésie, ne respectant plus les sacro-saints horaires institutionnels, le moment quasi-intouchable de la récréation, notamment ? L’IDD du vendredi soir, débuté au premier trimestre, a permis à une poignée d’initiés et de néophytes de découvrir l’œuvre exaltante et enjouée de Buster Keaton, génial casse-cou et touche-à-tout. Suite au visionnage d’un court-métrage et de quelques extraits d’un autre, les jeunes cinéastes en herbe ont établi une grille contenant les éléments indispensables pour imiter (recréer aussi) la magie de ces films vieux de 80 ans. L’élégance, la concision de la narration filmique, l’humour absurde ont démontré la vitalité et la modernité toujours vivace de ce septième art naissant. Quelques incitations plus tard, le projet collectif s’est réalisé dans l’écriture d’un synopsis de quelques lignes. Le découpage en séquences pouvait commencer et donner naissance à une vision du film. Voir, c’est déjà raconter.

Un tournage d’époque épique

Durant l’après-midi les lieux ont été transfigurés en décor de cinéma improvisé avec les moyens du bord (Que Mme Geny en soit ici remerciée !). Chacun connaissait sa fonction, et pour les plus hésitants, les places de figurant faisaient office de postes d’attente. Maxime et Aymeric ont cadré les différents plans prévus selon le découpage, sous la direction de Loïc, assistant-réalisateur stoïque et efficace. Noémie photographiait à tout va tandis que Gaëlle, Vanessa et Cindy transformaient les élèves en acteurs « primitifs » à coup de crayon noir et de costumes récupérés. Dan et Léo ont tenu la caméra qui permettra de fabriquer le « making-of », l’historique du tournage en quelque sorte, parfaite symétrie de l’ambiance de travail qui renverra à l’équipe une image de son action. Les acteurs aussi (Yohann, Jean-Louis, Karine, Antoine ou Romuald pour ne pas tous les citer) ont fait l’apprentissage de la patience et de la répétition nécessaire. De l’exigence aussi. Pour le film et pour eux-mêmes. Tous les élèves ont fourni un travail réel, avec une implication parfois assez différente, reposant sur des capacités à observer et à écrire, sur l’analyse et le découpage en images fixes puis en mouvement, et axé leurs actions sur une coordination indispensable pour travailler en équipe. Sur un tournage, la cohésion est primordiale. Rien ne se fait sans l’accord ou la participation de l’Autre. Une sacrée leçon de vie...
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Ali ? Non, juste Elmer...

Une dizaine de plans ont été mis en boîte ce jour-là. La même chose restait à faire le vendredi 6 février, avec, pour compliquer la chose, des plans à tourner à l’extérieur de l’établissement. Drôle ! Plus les jours rallongent, et plus les délais raccourcissent. Pour les élèves, il est hors de question de ne pas terminer le travail entrepris, et l’idée de départ, donner vie à un film muet selon les caractéristiques observées en classe, demande à être réalisée jusqu’au bout. Qui a dit que les élèves n’avaient goût à rien ?

A part quelques plans manquants, l’objectif du tournage est atteint. Les raccords oubliés seront tournés à la sauvette dès la rentrée avec une équipe réduite. Certains élèves travaillent déjà sur la conception d’une affiche de film. Le résultat sera montré aux Portes Ouvertes de Jean-Baptiste Vatelot le 27 mars. En attendant : moteur... action, beaucoup d’actions !


A noter le vendredi 13 février, un excellent documentaire sur Buster Keaton sur Arte à 22H25. Deux heures de bonheur pur sur un immense génie à redécouvrir...