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Festival de cinéma

Fantastic’Arts : Un road-trip meurtrier pour les Première

lundi 19 mars 2012, par Emilien Martin

Jeudi 26 janvier, six élèves de Première se sont rendus au Festival de Gérardmer pour profiter de projections en avant-première de quelques films aux frontières du réel… tandis que deux de leurs camarades participaient carrément au Jury jeunes !

Du jeudi 26 au dimanche 29 janvier, Gérardmer accueillait le Festival international du film fantastique qui a lieu tous les ans depuis 1994 à la même époque. Cette 19e édition était particulière car elle a bien failli ne jamais avoir lieu pour des raisons financières, et il s’agira peut-être de la dernière. Pour les lycéens en option Cinéma-audiovisuel, pas question de rater cette fantastique occasion de profiter d’une ambiance de festival, comme on en connaît rarement dans nos provinces. Sans compter que la thématique fantastique fait écho à l’expressionnisme allemand abordé en cours en début d’année.

Quelques semaines avant le début du festival, certains élèves avaient soumis un dossier de candidature pour faire partie du « jury jeunes », qui doit décerner à l’issue du festival un prix à son film préféré. Deux d’entre eux, Mathilde et Alexandre (voir leur témoignage) ont eu la chance d’être acceptés ! Ils ont donc participé à l’intégralité du festival pour voir tous les films en compétition, puis délibérer avec les autres membres. Le lauréat du « Prix du jury jeunes » n’est autre que La Maison des ombres, pour lequel ont également voté Mathilde et Alexandre : « Un film hyper réussi, on était vraiment dedans. On percevait vraiment les intentions du réalisateur, et les acteurs étaient à fond. »

Les deux compères ont donc été très occupés pendant ces quatre jours, et n’ont pas eu le loisir de croiser leurs six camarades de l’« option Ciné ». Ceux-ci, auxquels s’ajoutent leur professeur David Ridel ainsi que votre serviteur, ont embarqué à huit heures dans le minibus de l’établissement pour près de deux heures de route parfois montagneuse, occasion de quolibets quant à la direction flottante de l’appareil. Arrivés sains et saufs et après avoir attrapé au vol un croissant et une boisson chaude, le groupe a filé vers une première projection d’un film anglais, The Caller. On y rencontre Mary, une femme divorcée de frais qui emménage dans un nouvel appartement, dans une ville froide, sombre et pluvieuse. À peine s’habitue-t-elle à son nouveau voisinage que des appels incessants la harcèlent, semblant venus d’un autre temps. Tandis qu’elle franchit les frontières du paranormal, Mary découvre qu’elle ne pourra compter… que sur elle-même.

Malgré de mauvaises conditions de projection (image trop petite et sombre, son trop fort), les élèves ont trouvé The Caller « bien flippant et stressant », notamment grâce à un scénario très recherché qui joue sur la répétition, en lien avec le passé. On naviguait entre suggestion (on ne voit jamais clairement la vieille dame) et images choc (des effets spéciaux et maquillages époustouflants).

La pause de midi est l’occasion d’acheter, qui un sandwich et des frites (un peu molasses, du goût des connaisseurs), qui de sortir une gamelle du sac. Le repas frugal est partagé debout sur le trottoir, devant le cinéma du casino au bord du fameux lac de Gérardmer, le bout des doigts engourdi par le froid. À peine le temps de finir, on s’engouffre dans une nouvelle salle sombre pour Rabies un slasher [1] israëlien : une bande de jeunes, deux flics, un couple incestueux, un chasseur et un tueur vicieux se retrouvent dans une forêt truffée de mines. De quiproquos en sauvetages ratés et disputes de cœur, le sang éclabousse tout avec un humour typiquement israëlien.

Rabies est l’exemple même du slasher parodique : il respecte à la lettre les codes du genre, tout en les tournant en dérision. Quelques moments d’anthologie ont marqué les élèves, mais la plupart sont restés perplexes : par exemple le tueur est pratiquement absent durant le film, et il ne sert presque à rien. La langue israëlite en a surpris plus d’un au début, mais l’intérêt était aussi de voir quel cinéma on faisait dans des parties du monde qu’on connaît peu.

Le troisième film est le moment difficile de la journée du festivalier : la fatigue porte un assaut décisif, et il peut être ardu de maintenir son attention sur l’action. En particulier si celle-ci est plutôt lente et contemplative… C’est le cas du deuxième tiers de Beast, dont je ne me souviens plus très bien :-) Beast est un film danois décrivant la descente aux enfers d’un couple qui fut jadis très heureux, et dont la femme va aujourd’hui voir ailleurs. L’homme, Bruno – qui demeurera dans les mémoires comme « le Gros Danois » – souffre d’aigreurs d’estomac, que son esprit malade interprète comme une soif de sang humain. La viande de bœuf presque crue ne lui suffit plus, et pour être à nouveau complètement avec elle, il décide d’assassiner sa femme et de consommer sa chair.

Beast regorge de symboles ésotériques et d’images dérangeantes qui ont eu le don de rebuter la plupart des élèves : « Les acteurs jouaient super bien, mais le scénar’ était trop recherché. La caméra bougeait tout le temps, les scènes étaient incompréhensibles. » Et David Ridel, professeur de Cinéma-audiovisuel, confirme : « Le film proposait de nombreux niveaux de lectures pas forcément évidents à interpréter pour eux. »

Pour poursuivre l’aventure, jetez donc un oeil sur la bande-annonce de cette mémorable journée !


[1Slasher : film d’horreur pour adolescents, d’inspiration américaine, mettant en scène des jeunes gens aux prises avec un tueur, prétexte à une accumulation de scènes violentes et sanglantes, et de nombreuses allusions sexuelles (Massacre à la tronçonneuse, Halloween, Vendredi 13, Scream, Souviens-toi… l’été dernier)